Stratégie en matière de santé mentale

Au sujet de la Stratégie

La Stratégie en matière de santé mentale marque le début de l’engagement à long terme d’Aide juridique Ontario à donner la priorité aux droits et à la défense des droits en matière de santé mentale et à oeuvrer à leur élargissement et à leur maintien dans le système juridique de l’Ontario.

En collaborant avec des partenaires dans les secteurs de la justice et de la santé, la Stratégie en matière de santé mentale permettra aux avocats de l’aide juridique d’aborder d’une façon plus coordonnée les questions juridiques croisées des clients qui ont des troubles de santé mentale.

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Innovation sociale : apprendre grâce à notre laboratoire social portant sur la justice familiale et la santé mentale

De Nicole Aylwin

Le mois dernier, le Winkler Institute for Dispute Resolution, Aide juridique Ontario et l’Association de psychologie de l’Ontario ont tenu la première séance sur la conception de leur projet collaboratif : un laboratoire social portant sur la justice familiale et la santé mentale. Il s’agit du premier laboratoire du genre en Ontario (cliquez ici pour prendre connaissance d’un projet de laboratoire social en C.B. – en anglais seulement). Il réunit des intervenants de diverses disciplines qui se sont engagés à utiliser des méthodes d’innovation sociale dans le but d’améliorer l’expérience vécue par les clients à faible revenu qui ont des troubles de santé mentale dans le système de justice familiale.

L’innovation sociale suscite de plus en plus d’intérêt auprès des personnes œuvrant dans le système de la justice familiale. Les méthodes de l’innovation sociale sont considérées comme apportant de nouveaux outils (certaines méthodes proviennent d’ailleurs du domaine de la conception), lesquels sont utilisés pour résoudre les problèmes épineux ou complexes de l’accès à la justice. Les problèmes complexes, notamment les problèmes d’accès à la justice, ne cessent d’évoluer. Ils ne respectent pas les frontières institutionnelles et ils sont l’objet de changements et de fluctuations occasionnés par les multiples intervenants et systèmes. Par conséquent, ils sont en perpétuel mouvement et il est difficile d’en prévoir — d’emblée — les solutions. Pour régler ces problèmes complexes, il nous faut plutôt adopter une nouvelle approche qui permet d’agir prestement, qui est souple et aussi ambitieuse que les défis auxquels nous souhaitons nous attaquer. (Pour en savoir plus sur les problèmes, l’accès à la justice et les raisons pour lesquelles les anciens modèles ne fonctionnent pas, cliquez ici pour lire mon récent article sur SLAW – en anglais seulement).

C’est exactement ce qu’accomplit le laboratoire social portant sur la justice familiale et la santé mentale. L’équipe du laboratoire, qui pratique une approche interdisciplinaire, s’est engagée à mettre en œuvre un mélange de méthodes de laboratoire social et d’approches conceptuelles afin de développer rapidement un ou plusieurs prototypes qui permettront d’améliorer l’expérience vécue par les clients à faible revenu ayant des troubles de santé mentale dans le système de justice familiale. Une fois que les prototypes auront été développés, ils seront mis en œuvre avant d’être évalués et adaptés pour s’assurer de leur efficacité et de leur durabilité.

Comment cela fonctionne-t-il concrètement? L’équipe a accepté d’être encadrée lors d’un certain nombre de séances d’une journée sur l’innovation sociale et la conception dans le cadre desquelles elle sera amenée à franchir quatre grandes étapes du processus d’innovation :

  1. Comprendre le problème du point de vue du système;
  2. Repérer les points où des changements pourraient avoir le plus grand impact;
  3. Créer un prototype et piloter des projets innovants;
  4. Évaluer et adapter les projets innovants pour tenir compte de la rétroaction rapide.

Présenté de cette façon, le processus d’innovation du laboratoire social ne semble peut-être pas si innovant. Il se démarque pourtant par le fait qu’à chacune de ces étapes, les membres de l’équipe acquièrent de nouvelles techniques qui augmentent leurs chances d’élaborer une innovation qui aura un véritable impact. Car nous développons une approche qui favorise une pensée systémique au sein d’une équipe interdisciplinaire. Par exemple, durant la première étape, une équipe essayait de comprendre le problème et d’en schématiser le système. Pour ce faire, l’équipe a décortiqué le problème afin de pouvoir l’analyser et le comprendre de différentes perspectives. L’objectif de cette étape était de déconstruire les perspectives individuelles et institutionnelles auxquelles les membres de l’équipe souscrivaient dans le but d’adopter de nouvelles perspectives et de développer une compréhension mutuelle du problème qui reflète la connaissance du système dans son ensemble et non la connaissance d’un fragment de celui-ci.

Un grand nombre de personnes nous ont déjà demandé à quoi ressemblera notre produit fini. Nous ne le savons pas encore étant donné que le processus de laboratoire lui-même écarte la détermination précoce du résultat final! Par contre, nous savons qu’il y a autant à apprendre lorsque l’on expérimente avec un nouveau processus que lorsque l’on réussit à trouver une véritable innovation.

Le laboratoire social portant sur la justice familiale et la santé mentale est en train de franchir la première étape du processus. Nous avons déjà réuni une équipe interdisciplinaire enthousiaste et engagée composée des personnes suivantes :

  • Des conseillers familiaux;
  • Des travailleurs sociaux;
  • Des médecins de famille;
  • Des avocats qui se spécialisent dans les domaines du droit de la famille, de la protection de l’enfance et de la justice pour la jeunesse;
  • Des travailleurs de première ligne des cliniques juridiques;
  • Des chercheurs en milieu universitaire;
  • Un conseiller en politiques d’Aide juridique Ontario;
  • Un juge de la Cour de l’Ontario;
  • Des représentants de l’Association canadienne pour la santé mentale – division de l’Ontario, de la Native Child and Family Services of Toronto, de la Commission du droit de l’Ontario, du ministère du Procureur général, du Projet national des plaideurs sans avocat, du Bureau de l’intervenant provincial en faveur des enfants et des jeunes, de l’Association des travailleuses et travailleurs sociaux de l’Ontario, du Bureau de l’avocate des enfants et de l’Association de psychologie de l’Ontario.

Nous avons également tenu notre première séance de schématisation des problèmes lors de laquelle nous avons mis en pratique la méthode des « tâches à accomplir » pour comprendre l’expérience multidimensionnelle et les besoins des clients à faible revenu aux prises avec des problèmes de santé mentale alors qu’ils font face au système de justice familiale. (Je m’étendrai davantage sur les leçons apprises lors de cette séance dans un autre article).

En s’engageant à participer au processus de conception dans le cadre d’un laboratoire social, l’équipe et les organismes qui l’appuient ont démontré une volonté de prendre des risques, d’accueillir l’incertitude et de nouvelles façons de résoudre les problèmes dans le but d’ouvrir de nouvelles possibilités pour répondre aux besoins en santé mentale dans le système de justice familiale.

Je continuerai d’écrire sur ce que nous apprenons et sur nos progrès à mesure que nous avançons. Restez à l’affût! Nous vous tiendrons informés.

*Nicole Aylwin est la directrice adjointe de la Winkler Institute for Dispute Resolution, un carrefour d’innovations pour la justice, à la faculté de droit Osgoode Hall. Elle est par ailleurs directrice administrative du Forum canadien sur la justice civile, une société sans but lucratif qui éclaire l’élaboration des politiques et les dialogues sur l’accès à la justice au Canada. Elle parle et écrit souvent au sujet de l’innovation dans le secteur de la justice, de la réforme de la justice civile et de l’accès à la justice.