Stratégie en matière de violence familiale

Au sujet de la Stratégie

La Stratégie en matière de violence familiale d’Aide juridique Ontario vise à renforcer la capacité des avocats,

du personnel de première ligne et des cadres à mieux servir les clients qui ont vécu une situation de violence familiale.

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Favoriser l’accès à la justice pour les femmes autochtones qui font face à la violence

D’Ann Decter (image)

YWCA Canada a créé une ressource d’information juridique sur la violence faite aux femmes (en anglais seulement) en 2014 qui repose sur un projet de formation de deux ans appelé « Building Service Capacity: Supporting Access to Justice for Aboriginal Women Dealing with Violence » (Accroître la capacité de prestation de service : favoriser l’accès à la justice pour les femmes autochtones qui font face à la violence). Le projet de formation avait pour objectif de fournir une formation d’appui juridique au personnel des refuges pour femmes et aux prestataires de services d’approche qui travaillent avec un grand nombre de femmes des Premières nations, de Métisses et d’Inuites touchées par la violence.

Aide juridique Ontario a contacté Ann Decter, directrice du plaidoyer et des politiques publiques de YWCA Canada pour en savoir plus sur cette ressource en ligne.

Pourquoi la YWCA a-t-elle décidé que les ateliers destinés à Accroître la capacité de prestation de service étaient nécessaires?

Notre recherche sur les politiques liées à la violence et à la sécurité des femmes (Vivre au-delà du refuge, 2009) a permis d’établir que l’environnement juridique est un facteur principal qui a un effet sur les femmes qui cherchent à mettre la violence derrière elles et à bâtir une vie en sécurité dans la collectivité.

Nommer des porte-parole des femmes dans les refuges — à savoir, un membre du personnel qui guide une femme dans son cheminement, vers une vie sans violence dans la collectivité, ce dès son arrivée au refuge — a été également vivement recommandé dans cette recherche. Dans le cadre du projet destiné à Accroître la capacité de prestation de service, nous avons eu pour objectif de nous attaquer à ces deux points en aidant les membres du personnel des services de soutien relatif à la violence à mieux comprendre l’incidence du droit sur les femmes qu’ils servent.

Quand nos associations membres ont rapporté que les femmes membres des Premières nations, des Métis ou des Inuits vivant dans les zones rurales ou éloignées étaient les plus désavantagées en ce qui concerne l’accès à la justice, nous avons concentré nos ateliers destinés à Accroître la capacité de prestation de service sur dix collectivités dans lesquelles la majorité des femmes (65 pour cent ou plus) participant aux programmes de soutien relatifs à la violence du YWCA étaient des femmes des Premières nations, des Métisses et des Inuites.

Pourquoi était-il important d’inclure une partie sur la compréhension du contexte dans lequel les membres des Premières nations, des Métis et des Inuits vivent?

Étant donné que notre but premier est d’améliorer l’accès à la justice pour les femmes des Premières nations, les Métisses et les Inuites, il fallait que nos ateliers soient adaptés à la culture et aux contextes locaux, qu’ils intègrent le contexte historique colonial et les éléments hérités du passé.

Bien que les ateliers ne puissent pas fournir une formation en compétence culturelle complète, ils ont été conçus pour être pertinents au niveau local — par exemple, un Ancien ouvrait la séance et un présentateur local, parlait du contexte local — et pour donner aux participants les connaissances élémentaires afin de comprendre le contexte dans lequel les femmes des Premières nations, les Métisses et les Inuites vivent.

C’était le seul point des ateliers sur lequel les participants étaient partagés. Les participants non autochtones ont déclaré que la présentation sur le contexte historique s’était avérée très utile tandis que les participants membres des Premières nations, des Métis et des Inuits l’ont trouvée redondante.

Pourquoi était-il important de faire part de cette information sous forme d’une ressource en ligne?

Nous voulions que l’information rassemblée pour les ateliers soit facilement accessible et disponible au plus grand nombre.

Ce projet nous a confirmé qu’il y avait un besoin en information juridique dans les régions éloignées. Si les membres du personnel des services de soutien relatifs à la violence de ces régions n’ont pas pu se rendre aux ateliers, il est possible qu’ils aient accès à internet.

Le site Web nous a également permis de publier dans un format PDF facilement téléchargeable et imprimable des documents importants utilisés lors des ateliers. Vawlawinfo.ca (en anglais seulement) est adapté aux appareils mobiles, compatible avec tous les principaux appareils mobiles, notamment les plateformes iPhone, Android et Blackberry, pour améliorer la commodité d’accès.

En ligne, il était important de nous assurer que les membres du personnel non autochtones qui fournissent des services liés à la violence aux personnes connaissent le contexte dans lequel ils travaillent et les forces systémiques violentes auxquelles les femmes des Premières nations, les Métisses et les Inuites font face. C’est pourquoi nous avons inclus des ressources sur le contexte historique et actuel des femmes des Premières nations, des Métisses et des Inuites qui ont été compilées et élaborées pour ces ateliers.

Quelle a été la rétroaction (pour les ateliers et le site Web)?

Dans l’ensemble, les commentaires ont été extrêmement positifs, que ce soit pour les ateliers ou pour le site Web. Les évaluations de fin de formation et les rapports des membres du personnel ont montré que le contenu de l’atelier était documenté, opportun, percutant et pertinent à leur travail.

Les participants ont rapporté avoir acquis :

  • Une meilleure connaissance des domaines juridiques qui touchent le plus les femmes membres des Premières nations, des Métis et des Inuits qui font face à la violence;
  • Une plus grande capacité à apporter de l’aide en s’appuyant sur des renseignements juridiques;
  • Une meilleure connaissance des ressources qui peuvent appuyer leur travail, déterminer quand orienter les femmes vers les services juridiques et garantir qu’elles ont une représentation juridique;
  • Des renseignements et des compétences qui viennent soutenir leur travail avec les femmes non autochtones, leurs enfants et leurs familles;
  • De meilleurs partenariats avec les organismes et les praticiens de la communauté pour favoriser l’accès à la justice pour les femmes des Premières nations, les Métisses et les Inuites.

Commentaires des participants à l’atelier :

« Ce que nous avons vraiment aimé dans cette formation, c’était que vous vous êtes assurés de faire constamment référence à ce que nous, en tant que personnel de première ligne, pouvons faire. Souvent, nous participons à des formations et on ne sait pas vraiment pourquoi on est là ou quoi faire des renseignements donnés. »

— Sudbury (Ontario)

« Grâce à leur présence au tribunal, les participants ont pu voir assez clairement où les lacunes existent en termes de prestation de services juridiques et de soutien. En même temps, ils ont pu voir là où il existe des possibilités d’interventions potentielles. Notamment, la juge du tribunal de la famille qui présidait les instances de protection de l’enfance faisait preuve d’empathie dans le sens où elle acceptait de recevoir des preuves écrites de façon moins formelle et elle a invité les plaideurs qui se représentaient eux-mêmes et leurs représentants non avocats à demander l’assistance d’un avocat désigné par le tribunal. C’était vraiment utile et très bien reçu. »

— Saskatoon (Saskatchewan)

« La formation a été extrêmement importante pour les femmes des petites collectivités. Je ne peux pas vous dire combien de fois elles ont dit des choses comme, “on ne savait rien de tout ça”, notamment par rapport aux renseignements concernant les ordonnances de protection d’urgence, la disponibilité de fonds pour les femmes en situation de crise (provenant du Fonds d’urgence pour les victimes d’actes criminels dans les TNO — disponible même si aucun crime n’est signalé) et le fait qu’elles ont le droit d’obtenir les services d’un avocat dans le cadre d’affaires liées à la protection de l’enfance. Les participants ont aussi commenté le fait qu’il avait été très utile de se rencontrer et de faire la connaissance d’avocats et de prestataires de service et de bâtir des relations (humaines/personnelles) avec eux. »

— Yellowknife (Territoires du Nord-Ouest)

Commentaires des personnes qui ont répondu au sondage sur le site Web :

Après avoir mis le site Web en ligne, nous avons invité les participants à l’atelier à remplir une évaluation de la ressource en ligne. Quatre-vingt-dix pour cent des répondants ont trouvé que cette ressource en ligne était claire et facile à utiliser, bien rédigée, facile à comprendre et utile.

  • « Les nombreux liens aux renseignements qui se trouvaient dans le texte les rendaient faciles à trouver et permettaient d’accéder aisément à l’information que vous voulez ou celle dont vous avez besoin. »
  • « J’ai trouvé que c’était une excellente ressource, bien présentée et très utile. »
  • « Très bien présentée. Dans le sens où on peut accéder à la fois aux ressources de l’atelier local et à celles des ateliers donnés ailleurs dans le pays! »
  • « Étant donné les obstacles à l’éducation et le manque de ressources dans les collectivités éloignées, il est crucial que les travailleurs de première ligne aient accès aux renseignements généraux concernant le système juridique pour apprendre et mieux aider les clients. »
  • « Un grand nombre de femmes qui viennent au refuge sont des victimes de violence et de traumatismes intergénérationnels. Pour les aider, il est important de connaître le contexte politique et historique des Autochtones. »

Ann Decter est directrice du plaidoyer et des politiques publiques pour YWCA Canada.